Forêt enchantée
Written by MM
This work was last updated February 20, 2020
J’ai toujours cru que la forêt derrière l’école était enchantée. Elle était immense, s’étendant de la cour d’école jusqu’à perte de vue, longeant les maisons sur la colline. Les arbres paraissaient vénérables avec leur haute taille et leurs branches pleines. Une forêt sombre et vierge, et inhabitée.
Elle était à son meilleur l’été, au crépuscule. Le soleil tombait alors derrière elle et les ombres se faisaient plus denses encore. À peine quelques gouttes de lumière s’étalaient sur le sol jonché d’épinettes. À cette heure où tout semble ralentir, je croyais percevoir des mouvements derrière les troncs. Assurément, elle devait receler toutes sortes de secrets. Un court poteau en bois plantée à son entrée ajoutait à son aura mystérieuse : elle traçait une limite des plus invitantes à franchir. Que se cachait-il plus loin sur ce sentier ?
Surtout, elle représentait l’interdit, puisque nous ne pouvions pas y jouer pendant les récréations. Et qui dit interdiction dit tentation ; mon imagination n’en était que plus fertile. Alors j’y jouais le soir, dans ma tête, avant de m’endormir. J’y construisais des cabanes dans les arbres, y rencontrais fées, elfes et bêtes monstrueuses.
Toujours est-il que je n’y ai pas mis les pieds jusqu’à bien plus tard, au crépuscule d’ailleurs. Elle n’était pas aussi impressionnante que dans mes souvenirs. C’était plus un bosquet qu’une forêt. Était-ce parce que j’avais grandi ? Le mystère en était amoindri. Quelque part, cependant, j’avais toujours espoir qu’elle renferme des bêtes mythiques.
J’y pénétrai. La forêt était jeune, plus parsemée d’arbustes que d’arbres. Il y avait même un chemin déjà tracé, avec des déchets qui trainaient. C’était un raccourci pour les gens du coin. Quoi de mieux pour tuer l’imagination.
Malgré cela, ma forêt enchantée, celle qui commençait par un sentier mystérieux entre deux arbres, le sol bariolé du peu de lumière qui traversait le feuillage, elle existe encore. Elle se situe quelque part entre ce qui a été, ce qui est et ce qui peut être. Bref, entre la limite du réel et de l’imaginaire.
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